Qu’est-ce que la fracture numérique ?

Qu’est-ce que la fracture numérique ?

6 avril 2022

Mais au fait, qu’est-ce que la fracture numérique, combat de tous les jours de la Fondation pour l’Inclusion Digitale ?  La question se pose étant donné que cette notion reste inconnue ou floue pour une majeure partie des citoyens et citoyennes.

La fracture numérique désigne l’ensemble des inégalités d’accès aux outils informatiques tels que la connexion internet, les e-services (santé, banque, prestations sociales en ligne) et le matériel informatique (ordinateurs, tablettes, smartphones). Elle englobe trois types d’inégalités :

L’impossible accès à internet

La première forme de fracture numérique concerne les inégalités quant à la possession d’une connexion internet. Bien que l’on constate une nette augmentation de l’accès à internet, celle-ci se fait de manière très inégale. En effet, un nombre important de belges reste encore privé d’internet.

 D’une part, ce sont les ménages déjà précarisés et isolés qui souffre de l’absence de connexion à internet. Ainsi, environ 10% de la population belge n’a pas de connexion internet à domicile, soit près de 450 000 ménages. Ce chiffre double pour les personnes vivant seules : 20% d’entre elles ne disposent pas de connexion internet. Il triple pour les ménages en situation de précarité puisqu’environ 30% des ménages avec un revenu inférieur à 1200€ mensuel ne disposent pas d’internet.

D’autre part, l’inégalité d’accès à internet renforcent les inégalités entre les territoires. En effet, on retrouve en Belgique des zones blanches, c’est-à-dire des territoires non équipés d’infrastructures essentielles. Ce sont les territoires ruraux qui en pâtissent le plus. Ainsi, les 138 000 ménages ne bénéficiant pas de la fibre optique vivent dans les territoires ruraux des provinces de Liège, Namur et du Hainaut.

Taux de couverture réseau haut débit des lignes fixes en 2019 
Source : Rtbf et Atlas IBPT

Les inégalités d’accès au matériel informatique

La deuxième forme de fracture numérique est caractérisée par l’absence pour une partie de la population de matériels informatiques ou de matériels de qualité et adaptés. Ainsi, en Belgique, 12% de la population ne dispose toujours pas de smartphones. Les personnes les plus touchées sont généralement les personnes déjà isolées de la société comme les réfugiés, les personnes âgées et les personnes aveugles et malvoyantes.

Parmi celles et ceux qui ont un smartphone, bon nombre n’ont pas les moyens d’avoir plusieurs moyens d’accès à internet. C’est notamment le cas pour les personnes peu diplômées, notamment les femmes. Ainsi, 4 internautes sur 10 ne se connectent à internet qu’à partir d’un smartphone.

« Ce téléphone va me permettre de rester en contact avec les différents services administratifs et, étant originaire de France, me permettre de rester en contact avec mes amies »

Huguette, 59 ans, bénéficiaire d’un téléphone donné par la FID

Les inégalités par rapport aux compétences digitales

La troisième forme de fracture numérique montre qu’il n’est pas suffisant de posséder une connexion internet et du matériel pour avoir un réel accès aux opportunités du numérique. Ainsi, un Belge sur quatre est en situation de vulnérabilité face à la numérisation de la société, car il ne possède pas ou peu de compétences numériques. Les personnes les plus touchées sont avant tout les personnes âgées, surtout les femmes âgées de 55 à 74 ans. En effet, près de 80% d’entre elles ne disposent que de faibles compétences numériques. Mais les personnes âgées ne sont pas les seules concernées : ¾ des Belges peu diplômés et ayant de faibles revenus sont également en situation de vulnérabilité numérique.             

La conséquence directe de ce manque de compétences, couplés aux deux premières formes de fracture, est une exclusion des opportunités que peut offrir le numérique. En effet, les personnes en situation de vulnérabilité numérique se retrouvent démunies face à une numérisation croissante des services et des relations sociales. Par exemple, nous constatons une exclusion des groupes socio-économiques et culturellement moins favorisés dans l’utilisation des e-services : la moitié des gens à faibles revenus et peu diplômés ne font pas d’achat en ligne, 1/3 d’entre eux n’utilisent pas les services bancaires en ligne. Plus grave encore, la majeure partie des personnes à faible revenus (55%) ou peu diplômés (67%) ne sont pas à l’aise avec l’e-administration, alors que ce sont celles qui ont le plus besoin des services d’aides proposés par les institutions publiques.

Le renforcement des inégalités existantes

Ce bref constat montre que les inégalités numériques touchent avant tout les personnes les plus vulnérables et renforcent ainsi les inégalités sociales existantes. C’est également ce que met en avant le rapport sur l’inclusion numérique de la Fondation Roi Baudouin en 2020 : « (…) les bénéfices de la numérisation croissante de la société profiteraient surtout aux groupes socialement, culturellement et économiquement avantagés, accroissant ainsi les écarts entre les groupes sociaux ».

Pour permettre à tous et toutes d’accéder au monde du numérique et aux opportunités qu’il peut offrir, nous avons besoin de vous ! Si vous aussi vous voulez contribuez à l’objectif digital pour tous, n’hésitez pas à nous contacter ou à faire un don.

Sources :

  1. https://www.kbs-frb.be/fr/quatre-belges-sur-dix-risque-dexclusion-numerique#:~:text=40%25%20des%20Belges%20sont%20%C3%A0,%C3%A0%20risque%20d’exclusion%20num%C3%A9rique
  2. https://www.kbs-frb.be/fr/inclusion-numerique-les-services-numeriques-essentiels-profitables-toutes-les-personnes
  3. https://www.kbs-frb.be/fr/barometre-inclusion-numerique
  4. https://www.rtbf.be/article/zones-blanches-138000-menages-belges-nont-pas-encore-acces-a-de-linternet-rapide-cartes-107553

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